Vous êtes nombreux à regarder les étiquettes de vos produits cosmétiques à la recherche d'ingrédients indésirables. En la matière, les sulfates sont fréquemment mentionnés. Par ailleurs, l’essor des applications de décryptage de la composition des produits cosmétiques a renforcé la méfiance à leur égard.
Quelles controverses entourent les sulfates ? Quelle est leur place dans les cosmétiques biologiques ? On vous dit tout dans cet article.
Que sont les sulfates et à quoi servent-ils ?
Les sulfates sont des ingrédients dont le rôle dans un cosmétique est de permettre aux corps gras de se disperser dans l’eau. Ils offrent plusieurs avantages :
- Pouvoir moussant : qui n'aime pas se laver avec un cosmétique qui fait une belle mousse et donne la sensation de se laver efficacement ?
- Pouvoir nettoyant : utile pour assurer l’efficacité de votre gel douche ou encore de votre shampooing.
- Texture agréable : le côté fondant d’un bain douche est très demandé par les consommateurs.
- Qualité à des prix accessibles pour les petits budgets.
- Stabilise les émulsions (par exemple elle permet à votre crème de rester homogène)
Les sulfates peuvent être issus de la pétrochimie ou d’origine naturelle (coco ou encore l’huile de palme).
Leurs applications ne sont pas que cosmétiques, ils peuvent également être utilisés dans les produits détergents.
Quels sont les types de sulfates autorisés dans les cosmétiques bio labellisés Cosmébio ?
Aujourd’hui, il est possible de retrouver dans les produits labellisés trois catégories de sulfates :
- Les sulfates inorganiques (dans lesquels on ne retrouve aucun atome de carbone) qui sont présents naturellement dans la nature (ex : Le sulfate de sodium) et qui sont très peu utilisés en cosmétique.
- Les émulsionnants sulfatés tels que le sodium cetearyl sulfate, utilisé pour disperser une phase grasse dans une phase aqueuse ou inversement afin de créer une émulsion stable.
- Les tensioactifs sulfatés tels que le sodium lauryl sulfate (SLS) ou encore l’ammonium lauryl sulfate (ALS), utilisés pour nettoyer la peau ou encore les cheveux.
Les émulsionnants et tensioactifs sulfatés qui sont autorisés dans les produits cosmétiques biologiques ont obtenu cette autorisation car ils sont d’origine naturelle et leur procédé de transformation est propre (hydrolyse/réduction…). Ils n’engendrent aucun impact négatif sur l’environnement et sont conformes aux tests de toxicité aquatique et de biodégradabilité requis par le référentiel Cosmos.
Il est important de ne pas confondre les sulfates autorisés avec le Sodium Laureth Sulfate (SLES). Ce sulfate n’est pas autorisé car son processus de transformation, l’éthoxylation, fait intervenir un composé hautement toxique pour les fabricants : l’oxyde d’éthylène.
Pourquoi l’utilisation des sulfates est critiqués ?
Les tensioactifs sulfatés sont sujets à plusieurs controverses :
Présentent-ils un risque pour la santé humaine ?
Les sulfates sont critiqués pour leur potentiel irritant : ils rendraient la peau sèche et provoqueraient des rougeurs et des démangeaisons. Il est vrai que dans le cas où cet ingrédient serait utilisé pur ou à forte concentration, il serait susceptible d’être irritant pour la peau.
Ce potentiel irritant est bien connu des fabricants de cosmétiques bio labellisés Cosmébio. Ils sont donc particulièrement vigilants sur la concentration de chaque ingrédient afin de respecter la peau (un toxicologue s'assure d'ailleurs de l'innocuité oculaire et cutanée de chaque produit avant sa mise sur le marché, c'est une obligation réglementaire).
Lorsqu'ils sont utilisés dans les cosmétiques bio, ils sont combinés à d’autres agents apaisants. Par ailleurs, ils sont présents dans des produits à rincer, c’est-à-dire non destinés à rester sur la peau, ce qui limite les risques d'irritation.
A noter : le caractère irritant d’un produit est relatif à l’utilisateur et au mode d’utilisation. Un même produit utilisé par deux personnes différentes ne sera pas toléré de la même manière (parce que l'une sera peut-être plus sensible ou mettra une grosse quantité de produit par exemple).
Ont-ils une origine palme ?
Certains de ces tensioactifs peuvent être issus de l’huile de palme.
Cependant, rassurez-vous, le référentiel Cosmos encadre l’origine palme avec un critère qui impose une certification durable du type RSPO (Roundtable for Sustainable Palm Oil) des ingrédients concernés. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article dédié sur ce sujet.
Sont-ils dangereux pour l’environnement ?
La synthèse des sulfates passe par l’utilisation de composés soufrés (dioxyde de soufre, trioxyde de soufre, acide sulfurique) issus de la chimie du soufre… La problématique est justement liée à cette chimie du soufre :
- Elle implique des ressources non renouvelables (gaz naturels, pétrole)
- Elle présente des effets néfastes sur l’environnement, notamment par la formation de dioxyde de soufre. Cette molécule est un polluant atmosphérique connu, à l’origine de pluies acides et d’aérosols atmosphériques.
- L’utilisation de dioxyde de soufre ou de trioxyde de soufre conduit au classement SEVESO* des usines.
*établissement industriel qui présente des risques d'incidents majeurs et des activités liées à la fabrication, la manipulation, le stockage ou l'usage de substances dangereuses
Evolution du cahier des charges COSMOS
Le référentiel COSMOS est en constante évolution afin de garantir des produits cosmétiques sûrs pour l’homme et l’environnement, efficaces et accessibles à tous.
Au regard de la problématique liée à la chimie du soufre, la dernière version du référentiel Cosmos (Version 4) entrée en vigueur en juin 2023, prévoit une élimination progressive des sulfates dans les produits cosmétiques biologiques en distinguant les émulsionnants sulfatés et les tensioactifs sulfatés :
- L’utilisation d’émulsionnants sulfatés :
- N’est plus autorisée dans les produits certifiés après juin 2023
- Ne sera plus autorisée à partir du 1 er décembre 2025 dans les produits certifiés avant juin 2023
- L’utilisation de tensioactifs sulfatés (utilisés dans les produits rincés tels que les shampooings ou encore les gels douches) :
- Ne sera plus autorisée à partir du 1 er janvier 2029 dans les produits certifiés avant et après juin 2023.
Existe-t-il des alternatives aux sulfates ?
Il existe aujourd’hui des alternatives permettant aux marques de remplacer facilement les émulsionnants sulfatés.
Cependant, ce n’est pas tout à fait le cas pour les tensioactifs sulfatés. Bien qu’elles soient aussi efficaces, les alternatives existantes rendent les formules moins sensorielles que celles avec sulfates. Par ailleurs, elles impliquent des coûts en équipement et en matières premières ne pouvant être supportés par beaucoup de marques. Le délai de six ans accordés avant leur interdiction dans les cosmétiques biologiques laisse le temps à l’innovation et au remplacement des sulfates par des solutions économiquement viables et accessibles à l’ensemble des acteurs du secteur.
Remarque : le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) utilisé par certaines marques pour remplacer les sulfates n’est pas autorisé dans les cosmétiques biologiques ! On vous explique pourquoi ici dans cet article dédié
Que signifie la mention « sans sulfates » visible sur certains produits ?
La mention « sans sulfates » est encadrée par le Règlement des Allégations Cosmétiques. Ce règlement interdit la mention « sans sulfates » en tant qu'argument de vente principal. En revanche, il la tolère lorsqu'elle est apposée comme information utile à destination des consommateurs
Nous avons aussi un article dédié à ce sujet : Les allégations cosmétiques
Si vous souhaitez éviter les sulfates dans vos produits cosmétiques, nous avons des marques labellisées Cosmébio qui formulent déjà avec des alternatifs ! Voici quelques exemples :